Veracruz

De la doudoune aux tatanes

En à peine 250 kms nous voilà passés de la poussière aride de Puebla à la végétation tropicale de Veracruz !

La traversée d’Orizaba et l’arrivée sur Veracruz n’était pas sans un petit stress. Selon les dires et actualités diverses, la tension sur cet état est bien moins paisible que sur les précédents, par précaution, les sous sont planqués, le matériel informatique aussi et la tête prête aux éventuelles surprises qui pourraient survenir sur le trajet ! Pour alterner le rythme, Clémentine prend ma place à l’avant et se perfectionne au co-pilotage. Valentine travaille avec une humeur égale table de multiplication et conjugaison…

Malgré nos appréhensions vite résorbées, les paysages sont à couper le souffle. La succession des lacets ascensionnels nous fait perdre 2500m d’altitude en un rien de temps pour retrouver plus bas le golf du Mexique. Rodolphe n’en reste pas moins accroché au volant. Ça déboite de partout et à n’importe quelle vitesse. A la densité et l’anarchie de la circulation, il faut rajouter les dizaines de pèlerins à vélo sur l’autoroute qui portent sur leurs dos une vierge de 2m de haut enveloppée dans son film plastique…

Le passage du col au niveau du volcan Orizaba, au cratère enneigé de 5700m, nous fait basculer, en un versant, dans un monde vert, dense et chaud. Le compteur affiche 29°C, cette fois-ci c’est quasi sûre, les doudounes peuvent libérer de la place utile dans le van pour plusieurs mois !

De Veracruz à S. Andrés Tuxtla

Arrivés en fin d’après-midi juste au sud de Veracruz, nous sommes au bord de la plage à manger de bonnes crevettes à l’ail quant un couple nous interpelle. Pour la 1ère fois en trois mois, on nous déconseille un bivouac une fois installé. Selon eux, c’est très dangereux de dormir ici, personne pour nous surveiller alors que mafia et drogues agitent la nuit. Ils nous invitent à les suivre. Il fait nuit noire et nous nous étions promis de ne pas rouler la nuit. Encore une règle à laquelle nous dérogerons pour s’assurer une meilleure sécurité. Après une demi-heure de route à coller leurs feux arrières, ils finissent par nous stopper au beau milieu d’une rue ultra-animée de Alvarado. Pour le coup, on est pas tout seul et il bien trop tard pour trouver un nouveau spot. En ville, nous sommes peut-être entourés mais pas moins discrets ! Il ne nous reste plus qu’à trouver un aménagement intérieur pour se serrer à 4 en dessous ! Il fait une chaleur intenable, la très belle place centrale d’Alvarado se transforme alors en terrain de jeux pour nous occuper avant de trouver le sommeil dans cet endroit improbable. Finalement, la nuit aura été super calme et le test du couchage à 4, sans lever le toit, réussi !

Préférant fuir l’agitation de Veracruz et apprécier les alentours de la côte et les nombreuses cascades, on s’établit un camp de base à Tula dans un lieu où les mexicains adorent passer leur weekend. Piscine, rivière, cascades, barbecues, ils appellent ça des balnéarios et comme à chaque fois il est possible de dormir sur place. En cette saison, il n’y à personne. Le gros flux arrive courant mars-avril. Ce sera pour nous un vrai havre de paix et de détente, d’où nous pouvons découvrir de superbes coins :

– Les rochers effondrés et la grotte de Punta Roca Partida : à demander notre chemin, des pêcheurs nous embarquent contre quelques sous sur leur lancha pour nous faire visiter le marais et Punta Roca Partida. Le pêcheur emmène avec nous sa petite fille atteinte d’une trisomie qui ne nous quittera plus de la journée. Un très chouette moment de rencontres et d’amusement tous ensemble.

– Cascada El Tuncan : Une chute de 40m de haut qui ne donne pas envie de se baigner tellement il fait frais à sa base.

– Les vestiges Olmèques à Tres Zapotes : pas de pyramides Maya ici mais les traces de la civilisation Olmèque qui se retrouvent sur tout le secteur Veracruz et Tabasco.

Cascada Salto Eyipantla : immense chute près du lac Catemaco. Ce ne sont pas les chutes du Niagara mais il y a une belle ambiance et nous finissons bien trempés !

La végétation est dense. Les plantes de nos intérieurs sont toutes à l’extérieur, on se croirait à la maison ou à Jardiland ! A profiter du temps qui passe, on prend nos aises sur plusieurs jours. En plus de ces excursions, c’est aussi l’occasion de faire classe et de réviser le van. Le chemin pour arriver au balnéario était une catastrophe. Perdus en ville, une petite famille nous a guidé et bien plus habituée que nous, elle a affronté en peugeot 206 crevasses et rochers sans hésitation… à l’arrière, encore une fois, Rodolphe se réjouissait de sa rehausse tout pendant que le van tentait de garder son équilibre sur la piste. En arrivant, nous découvrons un accès plus facile pour atteindre le site. Le gars a manqué de rester embourbé mais ce n’était pas un problème pour lui trop content de nous avoir aider !

Catemaco : un zoo à ciel ouvert

Le lac Catemaco, mine de rien, a tout d’un paradis. Une faune et une flore extraordinaires, de l’intimité, de la chaleur, des couchés de soleil poétique.

Pour mieux apprécier toutes les richesses du lac, nous optons pour une sortie en lancha. Notre espagnol s’améliore et nous parvenons à mieux comprendre les explications du guide. Oui oui, il y a du progrès ! Par contre, on tombe toujours dans des pièges à pas tout bien comprendre. Par exemple une halte en route auprès d’une jeune femme qui vend de l’argile aux touristes. Sauf que nous, on a jamais un rond en poche… Par politesse, il faudra en sacrifier un d’entre nous quatre pour faire plaisir. Clémentine accepte sans trop savoir où elle s’embarque ! On repart sur la barque et Clémentine savoure son masque qui tire la peau pendant tout le reste de la sortie 😉

Après notre virée en lancha où nous découvrons quelques singes sur deux des îles du lac, nous passerons quelques jours dans un campement situé au coeur de la Jungla qui borde du lac. De là, on découvre au dessus de nos têtes des aras virevoltants au dessus de la canopée. Appelés Guacamayol au Mexique, ils poussant des cris secs et stridents : inratables !

De retour d’une balade à la tombée de la nuit depuis la réserve naturelle voisine de Nanciyaga, ce sont des sons nouveaux qui nous interpellent. Nos regards se croisent et nos pas s’accélèrent sans un mot !! C’est quoi ce bruit ??? Juste des singes hurleurs qui nous entourent. En fait, ils ne sont pas que sur les îles !!

Nous sommes seuls ici, de nombreuses lucioles brillent par intermittence dans la nuit noire pendant que les singes dansent de branche en branche afin de nous offrir un spectacle sans pareil. Tous les soirs le même théatre à s’endormir toutes portes ouvertes…

Un matin, en bon bleu que nous sommes, notre poubelle restée dehors a disparu… Il faudra fouiller à plusieurs mètres autour du van pour retrouver nos déchets éparpillés par les singes ! Croyez nous, vu la tête du pot luisant, ils aiment le Nutella !!

Les filles raffolent de la simplicité de vie qu’offre le Mexique. C’est posée dans le hamac à regarder la petite troupe se prendre pour Tarzan dans la piscine que j’écris ces mots. Le temps s’arrête là.

Written by Cécile