Adaptation…
Il est tôt dans l’après-midi quand nous franchissons la frontière Mexique / USA. Après avoir plié le repas avec Robert et Michelle, nous traversons la forêt rase de Cleveland pour rechercher un bivouac comme nous les aimions en octobre dernier : forêt / coin feu / table pique-nique / silence. En chemin, tout est si propre que quelque chose semble clocher. Les abords de route, la route elle-même, les jardins des habitants, la qualité de l’environnement, tout est si différent en si peu de temps que s’en est déstabilisant ! Au campement de la forêt, eau potable à disposition et propreté intégrale, la zone est passée en revue tellement l’adaptation est longue. Comment sur si peu de distance, un même territoire géographique peut devenir si radicalement différent ? Deux gouvernements, deux cultures, et un nouveau choc dans le sens retour ce coup-ci ! Ceci dit, le poste de frontière de Tecate est vraiment confortable. Les extrêmes étaient encore plus prononcés entre le Texas et Nuevo Laredo à l’automne dernier. Seulement 2 sec suffisaient pour être propulsés dans un nouveau monde.
Depuis la forêt de Cleveland, nous prendrons presque deux journées pour nous réhabituer à notre nouveau terrain de jeu des prochains mois. Ah si, Alléluia, nous avons eu la souris ! Elle ne fera pas sa conquête de l’Ouest avec nous…
Si tu n’as pas vécu les bouchons de Los Angeles, alors tu as raté ton voyage !
Se frotter à la circulation de Los Angeles… quelle drôle d’idée ! Nous voulions simplement remonter au plus vite sur San Francisco… Et puis, pour être encore plus sots, la folie nous a pris de vouloir nous rendre sur Venice Beach pour frimer avec une sortie roller au milieu des bodybuilders. Juste histoire de toucher le kitch du bout des orteils ! Au final rien de tout ça, seulement 5h de bouchon sur les autoroutes qui s’emmêlent sur 12 voies chacune et à notre grande surprise, la trottinette (électrique) a évincé les mythiques rollers ! A errer ainsi, nous découvrons dans notre grande ignorance ce qui fait la popularité de la plage, le fameux Pier de Santa Monica marquant la fin de route 66. A l’autre extrémité de cette plage, nous arrivons jusqu’à Venice Beach repère de toxicomanes et SDF fantomatiques. Avec ça, il ne reste plus qu’à regagner le van, Los Angeles c’est pas pour nous et définitivement nous n’avons aucune envie d’y passer du temps.
Nous dormirons sur la driveway de Carole en boondocking avant de reprendre la route le lendemain… avant un petit détour dans l’immense mégapole. Nous sommes partis pour nous engager sur de nombreux kilomètres dans les 4 mois à venir et les filles ont épuisé leurs stocks de livres depuis un moment. Nous craquons pour un outil qui nous manque depuis le début du voyage : une liseuse. Pas de bol, la boutique Amazon se trouve en plein coeur de Beverly Hills ! Saisis par la chaleur de la région et un peu désarmé par toutes ses proportions, on se laisse glisser dans cette folie traversant Hollywood et Beverly Hills au frais dans l’habitacle à l’air climatisé. Mais alors quelle récompense de voir les fille si heureuses du cadeau et désormais à pouvoir avaler un livre tous les 3 jours.
Break mérité à Laguna Moutain
Afin de se diriger sur San Francisco, nous faisons le choix de la route intérieure plus que la Highway 1 pour apprécier un bivouac en pleine forêt. La route côtière n’a pas bonne réputation, entre ses nombreux tronçons fermés et l’absence de spot gratuit, nous ne voulons pas être pris au dépourvu. Mieux vaudra assurer un crochet vers Garrapata State Park pour apprécier les beautés de la côte sans se pénaliser. Les pompes à pétrole et les champs agricoles s’étendent à perte de vue sur notre axe autoroutier. Nous retrouvons les mexicains en plein travail dans une agriculture intensive et le mot est faible…
Rapidement, la forêt gagne du terrain et les passages de petits cols nous mènent droit dans les reliefs de Laguna Mountain. Bien heureux, nous trouvons un coin idéal pour passer un weekend hors des sentiers battus en Californie. Grasses matinées, pulls et chocolats chauds après randonnées, nous sommes comme à la maison, la présence des crotales en plus ! Tout le monde s’occupe tranquillement, le silence est incroyablement roi et chacun le savoure. Nous en profitons pour travailler les grandes lignes de notre itinéraire sur les Etats-Unis en reliant tous les bons plans repérés et collectés. Le pays est immense, alors mieux vaut prendre de la hauteur en traçant notre fil rouge.
Highway 1 : Aller / retour entre Monterrey et Byxbee Bridge par Garrapata State Park
La Highway est souvent fermée pour dégâts naturels, nous optons pour la rejoindre sur une de ses portions les plus réputées entre Carmel Highland et Big Sur par le Garrapata State park. Nous ferons un petit aller / retour de 20km pour nous faire une idée de cette côte si célèbre avant de remonter pour de bon sur San Francisco.
Ce crochet valait largement le détour ! En cette saison, le printemps se réveille et les fleurs tapissent les mousses et plantes marines accrochées aux falaises. La côte est déchirée, en étant située sur la faille de San Andréa et percutée par les houles de l’océan, elle nous offre un magnifique spectacle visuel. Le temps est clément, le pique-nique sur la plage bucolique à souhait, les otaries sont à l’eau sous le fameux pont photogénique de Byxbee. On ne cesse de se répéter à quel point c’est trop joli !
San Francisco : The City by the Bay
Au loin les deux piles rouges du Golden Gate signalent notre arrivée imminente sur la city. Ce soir, nous dormirons au pied du Golden Gate ! A le voir ainsi, tout le monde est excité, San Francisco reste un mythe sans pouvoir nous l’expliquer. La ville charme de suite. Depuis le port de Sausalito, nous avons une vue imprenable sur le pont. Baleines et dauphins occupent la baie sous nos yeux, tous les matins nous aurons droit à un véritable ballet. Les températures sont par contre beaucoup plus fraiches, les soirées se finirons à l’abri du van !!
Au matin, un épais brouillard colle le pont. Les vents chauds des terres viennent rencontrer la fraicheur de l’océan Pacifique créant ce brouillard qui fait la joie des photographes. Rodolphe est lui aussi comme tombé amoureux du pont rouge. Il se met en quête de le prendre sous toutes ses coutures à la recherche du meilleur angle de vue.
Au delà de la visite à pied de San Francisco dans ses quartiers populaires et sur ses piers, ce sont aussi ses rues pentues qui participent à sa réputation. Impossible alors de ne pas se faire un trip-van pour se saisir pleinement de cette impression si unique en ville, d’autant que la circulation est réellement fluide ! Dans le quartier de Russian Hill, les rues sont inclinées à plus de 45 %, l’accès aux bus et vans carrément interdit. Nous nous en apercevrons après coup ! Idem, sur la mythique Lombard Street qui en plus est serrée en lacet de chaussure ! Clémentine nous fera remarquer que toutes les voitures sont stationnées avec les roues avant braquées côté trottoirs, mieux vaut être prudent !
Les piers 39 et 42 voient converger tous les touristes de la ville autour de leurs attractions phare : le départ pour l’île d’Alcatraz et les otaries qui ont élu domicile précisément sur le pont 39. C’est à se tordre de rire que de regarder leur cirque, un animal qui n’a de grâce que dans l’eau. Pour Alcatraz, personne n’est emballé à l’idée d’aller visiter la prison alors que tout le monde n’en dit que du bien. Depuis le début du voyage, nous avons toujours été guidé par nos envies plus que les devoirs, ce qui fait que nous ne pourrons pas décrire en image la vie des prisonniers d’Alcatraz !
Depuis le quartier de Balmy Alley dans Mission District, nous marchons vers les fresques murales qui rendent hétéroclite le style de San Francisco. Plus loin, les maisons de style victorien s’offrent aux habitants plus aisés. Même le quartier financier qui se confond avec le quartier chinois reste agréable. C’est pour dire comme San Francisco est vraiment agréable. Il persiste cependant un clivage fort dans la société. Nous avions vu beaucoup de pauvreté au Mexique et en Amérique centrale, mais là, les grandes villes de l’ouest des Etats-Unis nous mettent face à une misère humaine. L’homme ne devient plus qu’un fantôme de lui-même et une ombre dans la société.
Le vent froid devenant saisissant et la douche désormais un impératif, nous reprenons la route après trois jours sur San Francisco pour rejoindre notre 1er national parc à Yosemite. Avant de quitter la ville, nous faisons un détour par Sausalito et ses maisons flottantes à Marin City, un quartier où l’on se verrait tous vivre.