Grand Téton qui pointe
L’arrivée face à la chaîne de Grand Téton nous colle tous le sourire aux lèvres. Ses cols enneigés, ses lacs, ses forêts, ses animaux, sont autant de promesses de randonnées que de bivouacs sauvages. Nous trouvons justement un superbe spot à deux pas de l’entrée du parc national et situé juste face à Grand Téton, joli nom bien français. Pour l’histoire, ce sont des trappeurs français qui ont découvert ces sommets. Certainement en manque de compagnie, ils ont vu là une ressemblance bien subjective avec des formes féminines. Si les américains puritains savaient tous ce que voulait signifier Grand Téton en français ils seraient bien mal à l’aise.
Ce parc national du Wyoming doit sa particularité à sa formation géologique créée par la friction des plaques tectoniques. En se frottant, un pli s’est parfaitement dressé pour s’élever brusquement jusqu’à 4195m d’altitude. Les lacs aux pieds des sommets sont le résultat de la fonte des glaciers. Ils sont aujourd’hui un parfait miroir. En avant de cette muraille, une vaste vallée complètement plate abrite quantité de bisons, antilopes, biches, coyotes, renards, castors, élans ou wapitis. Grand Téton est aussi idéalement situé, puisqu’il colle au flanc sud de Yellowstone. Il est de fait un préliminaire de choix… encore un clin d’oeil féminin !
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Phelps Lake : une randonnée à l’écart des sentiers battus
Les 15km de la boucle de Phelps Lake présentent deux avantages : la baignade avec plongeoir et le silence absolu. Juste un bémol, l’invasion de moustiques incompréhensible !! C’est à se faire percuter par des dizaines de piqûres sur plusieurs kilomètres. Même si glaciale, la baignade dans le lac se révèle la meilleure solution pour soulager les nombreuses démangeaisons.
La zone autour de ce lac est fréquentée par les ours. Les rangers prodiguent leurs nombreux conseils et les marcheurs rencontrés sont tous équipés d’une bombe à ours attachée à la ceinture. C’est pour nous typiquement américain. La pratique banale du port d’armes doit certainement encourager cette protection superflue. Ils sont tous prêts à dégainer ! Et à 50$ la bombe, on préfère faire le choix de sacrifier Valentine en cas d’attaque subite. Le mieux en attendant reste de faire du bruit, de rester groupés et de ne surtout pas s’approcher de l’animal. Sur Yosemite, le port de la bombe n’était pas si courant, nous apprendrons au cours d’un programme de Rangers que les ours du Wyoming sont beaucoup plus agressifs. Ah… on sacrifiera les deux filles dans ce cas !
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Le reste du temps sur Grand Téton
Nous sommes si bien sur notre spot que le temps passe sans que l’on y prête attention. Le bivouac laisse même quelques cadeaux sur place : les distraits font les heureux et Valentine se voit offrir sa 1ère hache, Clémentine un ballon de foot et moi des bâtons de marche. Une autre forme de recyclage et l’on ne compte plus toutes ces trouvailles qui trouvent chez nous un second souffle.
Au final, après 4 jours sur place à se distraire avec les prairies-dog, à contempler en silence la faune au crépuscule sur la Snake River, à se réchauffer au coin du feu ou à simplement profiter d’une ambiance paisible, nous avons aimé ce parc pour sa simplicité et sa grandeur à la fois. Il nous met en parfaite condition pour attaquer Yellowstone qui lui sera surement bondé d’une foule internationale !
Yellowstone : la nature est complètement folle !
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous avons déjà rejoint l’entrée de Yellowstone. Par contre, avec près de 9000km2 de superficie, le parc est juste immense. Réparti sur 5 zones bien distinctes, il vaut mieux préparer ses points de chute pour ne pas cumuler les kilomètres supplémentaires. Aménagé sous la forme d’un grand 8, nous irons donc du sud au nord en restant dormir sur un camping central du parc pour explorer les rives est et ouest. Pour ce 1er soir, nous dormirons en forêt tout près de l’entrée sud afin de s’assurer une place au camping de Norris. 1er arrivé, 1er servi ! Objectif atteint après avoir traversé de bonnes névés, Yellowstone est tout à nous. Enfin, entre autres… Parc national historique et merveille du monde oblige, il se partage un minimum.
En fait Yellowstone, c’est tout simplement un volcan, un supervolcan même. Sa caldeira est un concentré actif des trucs les plus fous, des geysers ultra-ponctuels aux puits d’eau multicolores, les 4 éléments se mélangeant perpétuellement. Nous marchons en fait sur une fine croute terrestre, 3km plus bas et c’est le magma. A ça, des centaines de séismes s’enregistrent tous les mois sur la zone… Loin d’imaginer le scénario catastrophe, la faune sauvage vit au coeur de cette activité volcanique intense en toute liberté. Dans Yellowstone, nous avons juste le sentiment d’être un invité privilégié au milieu d’une nature exceptionnelle.
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West Thumb Geyser Basin : mise en bouche bucolique
West Thumb Geyser Basin est la 1ère zone du parc que nous découvrons, située sur les rives du lac de Yellowstone. Le petit déjeuner, pris sur place, n’est pas encore avalé que nous voilà déjà alpagué par un français curieux de notre immatriculation. Ça devient une habitude qui a tendance à faire refroidir le café ! Il est à peine 7h, il nous dit de ne pas trainer, les animaux sont sur le site.
Le lac est d’un calme absolu, nous pouvons y voir les geysers immergés, au repos. Les superbes bassins aux eaux incroyables de Abyss Pool et de Black pool nous mettent en haleine ! Les wapitis se nourrissent paisiblement au milieu des sources acides et autres mares bouillonnantes, les empruntes de sabots aux abords de ces « dangers pour l’homme » ne semblent pas les freiner dans leur quête de plantes vertes…
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Norris Geyser Basin
C’est à Norris que nous établissons notre camp de base pour sillonner dans le parc dans un camping payant. Les bisons sont de la partie ! Animal sauvage et imprévisible, il faut par prudence s’en méfier. Alors quand tu es tranquillement assoupie dans ton hamac et que la bête s’approche pour se frotter précisément contre ton arbre, et bien tu tentes de déguerpir tout en douceur et en restant face à lui… Nous sommes dans son territoire. Les troupeaux de bisons font l’une des attractions du grand nord-ouest, les gens n’hésitent pas à s’arrêter n’importe comment pour les photographier, alors qu’ils en raffolent en saucisson sec ! L’un d’entre eux ira jusqu’à nous réveiller dans la nuit. Un souffle fort et un râle puissant nous dresse du lit, pensant à l’ours nous ne faisons pas les malins. Il s’agira en fait d’un bison posté juste devant la vitre du van, ses yeux dans les nôtres. Aussitôt repris par le sommeil, nous n’en rirons que le lendemain en évoquant un rêve commun !
Toujours est-il que depuis le camping, nous pouvons partir randonner directement sur le site de Norris Geyser Basin en une poignée de kilomètres seulement. Le site est immense et nous plonge dans un environnement indescriptible. Comme si nous avions remonté le temps ou voyagé sur une autre planète. La surface de la terre apparait alors trouée de tout part, colorée de mille couleurs et explosive par endroit. La palette de couleurs est d’origine bactérienne. Des thermophiles précisément : bactéries qui affectionnent les milieux chauds et humides. Autant dire que là, elles sont servies !
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Old Faithful, Upper et Midway Geyser Basin
Cette fois-ci, nous avons rendez-vous avec l’un des mythes de Yellowstone : le Old Faithful. Geyser réputé pour sa fidèle éruption depuis sa découverte, à environ 90min d’intervalle systématique. Son jet craché à 100°C peut atteindre jusqu’à 55m ! Des bancs sont aménagés tout autour, son public veille, attendant patiemment le spectacle. A vrai dire, c’est réellement impressionnant, surtout quand la machine s’arrête. C’est à se demander où est planquée la minuterie…
Depuis ce geyser incontournable, des passerelles permettent de découvrir les nombreux autres geysers et sources chaudes notamment sur Upper Geyser Basin. Nous avons arpenté tout le réseau de pontons en bois en coursant les groupes de chinois pour les dépasser avant d’atteindre notre favoris : le Morning Glory Pool tout arc en ciel.
Du jour au lendemain, le climat peut brutalement changer sur le parc. La veille nous étions en plein été à transpirer sur Norris Geyser Basin, et le lendemain nous cherchons tous les habits pouvant nous réchauffer d’un froid hivernal. Nos comparses sont en tenue de ski tandis que nous cumulons les foulards et chaussettes sous les rafales de vents et de grésil.
A quelques encablures de Old Faithful, apparait la seconde attraction de Yellowstone : le Grand Prismatic Spring. Une source chaude couleur émeraude de 100m de diamètre auréolée de jaune, orange, rouge. Une beauté de la nature. Nos 1er pas sur Yellowstone procurent un effet complètement dingue !
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Yellowstone Canyon : l’origine du nom
L’hiver est toujours sur nous sur Yellowstone Canyon, autre ambiance à l’est du parc. Finies les sources chaudes et les geysers, la nature laisse place à la bouillonnante Yellowstone qui a tracé sa course folle dans un canyon à la roche jaune. D’où son nom donné par les Indiens. Depuis North Rim et South Rim Drive, nous pouvons approcher la Lower Fall, sa chute donnerait le vertige à plus d’un. Plongeant à 94m, la vue sur le canyon est digne d’une toile de peintre malgré la pluie. Les chinois sont tellement fans qu’ils vous dégagent carrément pour s’auto-photographier sans même s’auto-sourire !!
Sur le Visitor Center de Canyon Village, nous prenons une leçon très instructive sur le passé volcanique de Yellowstone et ses trois giga-éruptions remontant à 2,3 millions d’année pour la plus ancienne. Tout ce que le parc offre n’est que le résultat de l’énorme bouleversement provoqué par ce volcan toujours vivant.
Toutes les rencontres éparses sur le camping et les randonnées conduisent à nous mener sur ce que nous appellerons la « route des ours » au nord de Canyon Village sur Tower Roosevelt. C’est à priori sur ce secteur que nous avons le plus de chance d’apercevoir des ours noirs et Grizzly. A l’affût, nous empruntons la route une 1ère fois sans succès. Comme désespérés, nous faisons demi-tour alors que nous pouvions filer droit pour rentrer. Sans comprendre d’où provient cette idée, il ne faudra pas 10 min pour qu’un ours noir nous coupe la route !! A droite, un petit ourson gambade sur un tronc d’arbre. C’est juste la folie dans le van, c’est l’effervescence devant cette vision surréaliste ! Au lendemain, nous y reviendrons. Cette fois-ci, ça ne sera pas 2 ours que nous verrons mais 6 ! Seul regret amer est d’observer les comportements des gens provoquant bouchons ou stationnements dangereux.
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Mont Washburn : point culminant de Yellowstone
Le beau temps fait son retour pour nous permettre l’ascension du Mont Washburn culminant à 3122m. Partis du col de Dunraven, nous comprenons vite que la randonnée va nous confronter à la neige et plus particulièrement les orteils de Clémentine, dépourvus de chaussures depuis plusieurs mois… Jusqu’à présent les sandales de marche faisaient l’affaire. Plutôt courageuse et pas un brin râleuse, elle est toute fière de faire un 3000m, orteils à l’air !
De là haut, nous prenons conscience de l’immensité de Yellowstone, le canyon apparait comme une profonde déchirure de la croûte terrestre au milieu d’une forêt de pins. Cette vision du parc est tellement différente des images classiques des geysers et sources chaudes que notre impression de Yellowstone monte encore d’un grade.
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Mammoth Hot Springs : échec et mat
L’heure est venue de se retirer de cet univers magique par le secteur de Mammoth Hot Springs réputée pour son entrée historique et ses bassins en escaliers constitués par le mélange d’acide et de calcaire. Des dizaines de wapitis avec leurs petits broutent auprès des terrasses donnant beaucoup de charme à ce dernier site sur Yellowstone. Une maladresse nous fera en revanche laisser un souvenir sur la carrosserie flambant neuve d’un beau pick-up bleu. Numéros de portables échangés, l’on se réjouit toutefois d’avoir fini par trouver une assurance quelques jours plus tôt…
A la sortie nord du parc, un BLM en bord de rivière se prête parfaitement à une halte nocturne. Nous la passerons avec la compagnie de deux américains et de leur vin de l’Oregon. Enthousiasmés par notre trip, ils nous tracent notre route jusqu’à Port Angeles, port de départ pour le Canada. Natifs de l’Oregon, ils nous conseillent routes touristiques, sources chaudes et vineries jusqu’à la péninsule Olympique dans l’état de Washington. Parfait !
Nous quittons le Wyoming emballés par ces deux nouveaux parcs à la touche montagnarde. Le ton est ainsi donné depuis notre sortie de l’Utah et cela procure un grand bol de douceur !