La Colombie-Britannique est une province très étendue du Canada. Nous la découvrons dans un 1er temps par Vancouver Island, accessible uniquement en ferry depuis plusieurs ports et étirée sur près de 460km de long. Aussi appelée l’île aux ours, Vancouver Island est un paradis pour les amoureux de la nature : faune abondante, diversité de la flore, sommets alpins, forêts tropicales, fjords, plages de surf, lacs et rivières indénombrables !! Cet écosystème unique résulte de la rencontre entre montagnes et océan pacifique formant un habitat pour de nombreuses espèces : baleines, orques, phoques, bald eagle, saumons et ours noir entre autres. Un peu trop en avance sur la saison et avec un temps automnal nous n’avons pas pu saisir tout le potentiel de Vancouver Island, ça n’a pas empêché de raffoler de son charme et de son intimité.
Victoria : capitale de la Colombie Britannique
Quelle bouffée de fraicheur en débarquant sur Victoria. La ville présente les vestiges de la présence britannique, loin des baraques en bois de l’autre côté, aux Etats-Unis. On se pose autour de la marina près de la piste d’amerrissage des hydravions et face au Parlement. Festivals reggae et indigènes animent le boarderwalk de la ville, les totems jalonnent les rues, l’histoire des natifs se confond dans le style victorien, il règne ici un sentiment de paix et de respect vis à vis du passé.
Aucun feu rouge dans le centre ville, j’adore ! Pas besoin d’attendre longuement son tour pour traverser, la priorité est donnée aux piétons ! Le break pique-nique dans l’un nombreux parcs, nous fera constater la mort de l’appareil photo de Rodolphe. Il avait chuté la veille sans que l’on prête attention à des dégâts particuliers… Même histoire qu’en Suède ! Ce coup-ci impossible de faire sans cette extension membranaire de notre photographe, c’est pour lui un indispensable du voyage. Coup de bol, après de brèves recherches sur le net, un boitier est en vente sur le continent et une boutique photo peut assurer la livraison d’ici 4 à 5 jours. Il ne reste plus qu’à patienter en se trouvant une bonne place nature pas trop loin de Victoria. La tâche n’a pas été facile et à défaut de bon spot gratuit où s’installer, nous jetons notre dévolu sur le camping de Sooke Potholes sur les conseils avertis d’un gars du pays. Franchement, nous ne pouvions pas mieux tomber. La Sooke River laisse place par endroits à de larges bassins appelés Potholes. Les filles investissent aussitôt l’endroit et nous ne les verrons que le temps des repas au coin du feu…
Depuis ce petit coin tranquille au coeur de la forêt, nous sommes rejoins par deux jeunes français, Junior et Pauline, en road-trip en Amérique du Nord. Comme beaucoup de jeunes, ils profitent d’un PVT au Canada pour voyager. Accompagnés de leur chien, ils sont véhiculés par un 4×4 équipé d’une tente de toit. Le rêve de Rodolphe ! Ils envisagent de se rendre jusqu’au Mexique, forcément on se fait un plaisir d’échanger sur les merveilles de ce pays. Arrivent ensuite Claude et Nelly, deux retraités français vivant au Canada depuis près de 40 ans et voyageant en VW T4. Il y avait longtemps que nous n’avions pas rencontré du monde, ça fait du bien de pouvoir échanger à nouveau.
Au final, nous n’avons quasiment pas de photos de Victoria mais nous quittons le sud de l’île après une petite semaine de vacances et un nouvel appareil photo !
Campbell River et Strathcona Provincial Park
Nouvel appareil photo en main, nous prenons cap au nord et plus précisément à Campbell River. Le hasard a voulu mettre sur notre route, Philippe et Fanny que nous avions rencontrés en Californie. C’est toujours un grand plaisir de retrouver des copains de route avec qui raconter les dernières histoires et partager les bons plans. Nous décidons de filer ensemble sur le Provincial Park de Strathcona afin de randonner sur le sentier de Bedwell Lake. La route nous emmène dans la région de Buttle Lake, un long lac cerclé de sommets enneigés et de forêts tropicales. A oublier que nous sommes sur une île. De là, des cascades à perte de vue et un silence de roi. Ce parc est niché au coeur de Vancouver Island et vaut vraiment le détour, seul regret est de ne pouvoir trouver de bon spot gratuit à moins d’avaler des kilomètres.
Telegraph Cove et Port Hardy : la partie la plus reculée et la plus sauvage de l’île
Quitte à être dans ce secteur de l’île, nous visons encore plus au nord, repoussant à plus tard la traversée A/R vers l’ouest à Tofino, le spot à surfeurs et parait-il les plus belles plages de la Colombie-Britannique depuis Pacific Rim. Sans y paraitre, l’île est grande et le peu d’axe routier force à optimiser les distances pour ne pas noyer son temps au volant.
La grisaille fait partie du quotidien depuis notre arrivée au Canada, quand la pluie n’est pas de la partie… La progression dans la vaste forêt du nord se fera sous les averses obstruant les multiples crêtes. Toujours aucun ours ni retour encourageant quant à l’arrivée des saumons dans les eaux douces de l’île. Objet de notre curiosité depuis plusieurs jours… Sur Telegraph Cove, c’est plutôt les orques qui sont attendus. Parait-il que depuis ce village de pêcheurs, les orques viennent se frotter sur les galets de la baie. Un spectacle pour le moins prometteur ! Arrivés sur place, nous apprenons que c’est un peu trop tôt dans la saison. Les orques n’arrivent pas avant août à moins de tenter la chance avec un tour organisé à près de 100€/pers ! Le whale-watching devient un gros business…
Le village ne manque pas pour autant de charme avec ses maisons sur pilotis. Cette région très reculée vit au rythme de la pêche, de l’industrie du bois et un peu du tourisme. L’hiver, le village abrite seulement 7 personnes, la quasi totalité de la population insulaire vit dans la pointe sud. Le nord semble toutefois épargné des rigoureuses conditions hivernales. Climat plutôt tempéré, il pleut toute l’année, des températures assez douces et presque jamais de neige.
Après Telegraph Cove et ayant perdu tout espoir d’observer une faune marine, nous partons sur Port Hardy, toujours plus au nord, tenter l’approche de l’ours depuis la hatchery de Quatse River. La visite de l’association dévoile les secrets de la migration des saumons du pacifique. Nouveau constat sur la saison, les poissons n’arriveront pas avant août-septembre. Et à moins d’un hasard, il est vraiment difficile d’observer les ours en bord de rivière. Le ciel toujours aussi gris, la pluie toujours aussi présente, la déprime viendrait presque à nous cueillir !
Vancouver devient une île intime, qui ne se dévoile pas en un coup d’oeil. Elle ne se traverse pas, mais se découvre avec lenteur et patience. Cependant pour nous, le sablier du retour se vide doucement mais surement. Soit on rebondit, soit on attend tandis que le temps d’écoule au risque de courir sur les dernières semaines. Un passage à la compagnie BC Ferry de Port Hardy va complètement retourner la situation. Un bateau de croisière part en direction de Prince Rupert le lendemain matin. Dernier bateau non complet avant des semaines. Là haut, c’est l’entrée de l’Alaska et le sanctuaire des Grizzly… Vient alors le dilemme et toutes les interrogations qui vont avec : on a pas tout visité sur Vancouver Island et Tofino qu’on a pas vu ? fera t’il plus beau là bas ? et si les saumons n’y sont pas ? C’est un gros budget, pourquoi ne pas rester ici et remonter doucement par Vancouver et viser Jasper ? Pourquoi se précipiter, c’est pas raisonnable ! Et si c’était un signe ???
On se rend compte que nous sommes maintenant dans le mouvement et la curiosité d’explorer. L’occasion d’une telle croisière dans les fjords ne se représentera pas et toucher du doigt l’Alaska non plus d’ailleurs. L’excitation prend le dessus et ni une ni deux, on craque avec un high-five familial ! La petite dame de la compagnie se fait une joie de nous faire des billets avec un prix d’amis (nous avions tenté la négociation avançant le cadeau de nos 10 ans de mariage). « C’est sûr » nous dit-elle, « vous ne le regretterez pas !! »
Voilà, comment nous nous sommes retrouvés à 23h, 1er sur la ligne 6, prêts à embarquer à 5h du matin avec pour berceuse le doux ronronnements des moteurs de camions réfrigérés voisins de ligne. Avec en prime, quelques doutes persistants révélateurs d’une bonne dose d’impulsivité…
Alaska Marine Highway : en route vers un bout d’Alaska
L’aube se lève face au ferry en plein chargement. Nous prenons place à bord d’un magnifique bateau et découvrons les nombreux ponts entièrement vitrées depuis de confortables lodges. Nous sommes le 1er juillet, jour du Canada Day. Hot-dogs, pop-corn, gâteaux et café offert à bord et lors de la seule escale du bateau à Bella Coola, sans comprendre pourquoi nous, un inconnu nous offre la carte de sa cabine, avec lits et douche… Si tout ça n’est pas un signe…! Cet homme ne pouvait pas trouver meilleurs sujets pour faire un cadeau !! Une douche et un lit… complètement improbable et inespéré. Autant le dire, notre anniversaire de mariage a été immortalisé !
Et que dire de cette traversée ? Complètement dingue ! Baleines, orques, dauphins, phoques, les mammifères marins sont à la fête ! Les 18h de croisière entre fjords et ilots parsemés sur l’océan, nous en mettent plein les yeux sans jamais trouver le temps long. L’onglet « itinéraire » du blog donne une bonne idée du trajet en zoomant sur la zone géographie. Le tracé de l’Alaska Marine Highway est trait pour trait la voie empruntée par les bateaux.
Evoluant près des côtes protégées de la houle par les îles, le panorama est à couper le souffle. Le temps est changé, alternant les couleurs et ambiance du paysage. Nous scrutons l’océan sans cesse à la recherche d’une nageoire ou d’un jet révélant une baleine. Par contre, trop difficile d’en saisir des clichés, c’est juste le plaisir des yeux qui compte. Les nombreuses cascades rivalisent en taille et débit, la forêt s’étend à perte de vue. Par moment le passage est si étroit que les deux côtes pourraient s’atteindre à bout de bras. Ces contrées reculées et sauvages sont absolument magnifiques et impénétrables. Le spectacle se termine jusqu’au soleil couchant, nous ne perdrons pas une goutte de sa lumière rouge et intense. Sans même être arrivés à Prince Rupert, nous savons déjà que ce choix n’est en rien regrettable.