Belize
Tout était fin prêt pour passer la frontière sans encombre mais c’était sans compter sur les privilèges que s’accordent certains agents frontaliers. Le van se fait fumiger, nous recevons nos tampons et l’autorisation d’importer notre véhicule, souscrivons à l’assurance obligatoire, tout se passe tranquillement jusqu’à ce qu’une main légère, nonchalante et gradée s’empare de notre pack de Corona lors de l’inspection du van… ! Un pack de 12 bières, un sacrilège ! Nous avions déjà perdu le demi-kg de Comté dévoré par un chien gourmand à Mahahual mais là c’est un second coup sur nos estomacs !! Heureusement que le douanier n’a pas fouillé le van jusqu’à trouver les bouteilles de Pontarlier… Au passage, on se fait aussi refouler fruits et légumes. Bref, sachant la vie chère sur le pays nous avions anticipé un maximum de stockage au Mexique mais c’est foutu ! Par contre, la zone « libre » entre les deux pays nous a permis de faire l’achat d’un disque dur externe pour une autre forme de stockage, le disque actuel montrait des signes de fatigue…
A peine passé la frontière qui nous laisse encore un goût amer, nous filons cap au sud sans nous arrêter sur la très populaire Caye Caulker. Nous y préférons l’ambiance plus authentique de Sud qui est tout aussi bien pour plonger. De là, nous remonterons tranquillement le pays pour explorer sa culture et sa jungle.
Le pays est tout petit, 3 fois inférieur à la Région Auvergne-Rhône Alpes. Par contre, on y trouve une diversité culturelle assez surprenante serré entre deux pays à l’histoire coloniale hispanique. Ici, on parle anglais mais la plupart des personnes sont trilingues. Le pays est libéré de l’Angleterre depuis 1981. Créole, Mayas, Garifuna, Chinois et Mennonites se côtoient, l’eau redevient potable, le papier retrouve son toilette, la vie est chère, la pauvreté frappante, la population hyper accueillante et très fière de son pays. Avant nous n’y connaissions rien, maintenant un peu plus, alors on partage 😉
Placencia : Silk Caye et Monkey River !
Même si un peu balnéaire, Placencia apporte son compte de détente à la caraïbenne. Sur place, nous trouvons une excellente place en bord de plage pour apprécier piscine, douche, hamac, levé et couché de soleil, avec par contre des mitraillettes de moucherons mordeurs qui nous laissent encore des séquelles. En échange d’un plat, ce petit hôtel restaurant nous autorise à profiter de toutes les commodités de ses clients. En bon voyageur, nous ne commanderons que des salades vertes les deux 1er soirs et seulement un dessert pour le dernier !
Le temps est plutôt capricieux ces derniers temps, alors faute de sortie plongée annulée au petit matin, on s’embarque avec deux jeunes qui se proposent de nous faire découvrir la Monkey River. Plein de gazoil déjà avancé, les deux gars sont font désirer avant de débarquer après une heure avec un bateau qui sort d’on ne sait où. Ce sera le début d’une journée rebondissante à l’ambiance créole ! La visite nous embarque en mer, le long des mangroves avant d’atteindre l’embouchure de la Monkey River d’où nous rejoignons un guide et sa machette. Sa randonnée dans la jungle signera l’arrêt de mort de mes savattes qui avaient déjà été sauvées grâce à la technologie Maya de Valladolid. Les singes hurleurs sont sur nos têtes, les iguanes grimpés aux arbres, les oiseaux virevoltent tout autour, c’est une plongée dans une nature préservée !
Le lendemain, le temps est au beau fixe et c’est une autre plongée qui nous attend. Pas de singes dans la jungle, seulement des requins dans l’immense barrière de corail qui borde toutes les côtes du Belize. La mer est déchaînée et le petit hors-bord fait des bonds durant les 1h de navigation entre des îles paradisiaques. Mouillés de la tête aux pieds par des rafales d’eau, nous débarquons sur l’île (pas si) déserte de Silk Caye. Petit îlot de sable blanc surplombé de 4 cocotiers, au milieu des eaux turquoises… enchanteur ! Le tour de l’île se prête à un 1er tour de chauffe pour snorkeler parmi les poissons tropicaux du reef. Sans mentir, le vent rendait la mer et l’air si froid que nous avions les pieds crispés à ne plus pouvoir remuer les palmes ! Le barbecue sur l’île viendra à point pour nous réchauffer avant un second spot digestif. De là, à seulement quelques encablures de Silk Caye, le bateau s’arrête pour nous stopper au dessus d’un aquarium d’où l’on voit sans peine tortues, requins et raies… Il n’y a plus qu’à ! Même en sachant ces requins parfaitement inoffensif, ce n’est pas chose si évidente que de se jeter à l’eau. Mais alors là dessous, quel spectacle inoubliable !!
Cockscomb Basin Wildlife Sanctuary
Rencontré lors de la sortie plongée sur Placencia, nous embarquons avec nous Antoine qui vient de Chateaubriand. Backpacker qui voyage en stop depuis le Canada. Ce n’est pas encore Nus et Culottés, mais il est pas loin de l’esprit en n’ayant vraiment pas grand chose sur lui afin atteindre son but en Bolivie ! Ensemble, nous explorons le sanctuaire de Cockscomb à la recherche de l’emblématique Jaguar et tant qu’à faire du très attendu Toucan.
Il y avait bien longtemps que nous n’avions pas fait de réelles randonnées et le dénivelé de ces montagnes Mayas aura réchauffé les mollets. C’est le compte de trop de farniente dans le Yucatán. Le Mexique avait cette petite pointe de regret à ne pas conduire à trop d’effort. Tout était quasi à portée de mains ou de roues alors que chacun sait comme la récompense est meilleure après l’effort 😉
Sur place, nous retrouvons des « voisins » canadiens, Terry et Ursula, croisés déjà plusieurs fois lors de bivouacs entre le Mexique et le Belize. Nous les découvrons en vrai botanistes à traquer chaque son pour identifier l’origine de l’oiseau. Il parait qu’ils ont vu des toucans en restant dormir sur place. Qu’à cela ne tienne, nous resterons dans cette jungle cette nuit pour être réveillés par le toucan aussi ! La soirée se finit tous ensemble sous les essais de guitare de Terry. Son âge certain aura même sauvé les garçons en charge de la popotte sur un feu d’un nouveau genre. Un tout petit foyer pour un maximum de chaleur, les tortillas n’en auront été que meilleures !
Même si la Ben’s Bluff mène à un beau panorama après une assez courte rando, le trail Tiger Fern Falls vaut largement la peine de cracher ses poumons pour se baigner dans la superbe cascade tout en contemplant la vue sur le Victoria Peak. La jungle est superbe mais impose d’être scrutée autant en haut qu’en bas avant de poser mains ou pieds quelque part !
Au final, toujours pas de toucan, ni de jaguar d’ailleurs, mais une quiétude garantie !
Dangriga et sa culture Garifuna
Pour s’imprégner de la culture Garifuna rien de mieux que de se confondre dans l’ambiance authentique des petits villages d’Hopkins ou Dangriga. Par hasard, nous optons pour Dangriga et y resterons quelques jours bien nichés au bord de la plage à l’abri des moustiques. De là, les écoliers en uniformes viennent jouer au basket après la classe, les sportifs les remplacent une fois la nuit tombée, cannes à sucre à la main pour puiser leur énergie. Juste à côté se trouve l’atelier de Daytha Rodriguez qui avec son père fabrique des tambours traditionnels (drum). L’ambiance est chaleureuse, les personnes sont curieuses et viennent toutes échanger avec nous, nous vantant les beautés de leur pays. « Check » et « Yeah Men » pour se saluer. Les gangs et Belize City font beaucoup de mauvaises presses au tourisme Belizien mais tous cherchent à nous démontrer comme il fait bon vivre ici.
Nous saisissons cet heureux hasard pour rencontrer Daytha et s’initier à la fabrication d’un mythe de la musique Garifuna. Nous y passerons une journée entière à apprendre l’histoire de cette culture peu connue et bien présente sur l’arc caraïbéen. Les filles vous racontent tout dans leur article ! Comme si nous en avions la place, nous avons désormais un beau « drum » dans le van, à peine trop petit pour servir de tabouret. En contre-partie, Rodolphe arrachera avec le toit du van un câble reliant un poteau de la ville à l’antenne télé du père de Daytha ! Une maladresse qui n’offusquera personne sur place ni même le bénéficiaire de la dite-télé… Cherchant à solutionner le problème, même si personne ne s’en inquiète, on finit par apprendre par Daytha qu’en tant que locataire du terrain, c’est à eux de payer et que c’est notre choix de l’aider ou non. Forcément on prend en charge la dépense, mais c’est assez fou dans un tel contexte de vie de croiser des personnes qui tellement hospitalières et généreuses, garderons le sourire sans rien réclamer.
Belmopan ou l’arrivée de la pluie…
La remontée par l’ouest du pays s’engage rapidement, le Belize est vraiment tout petit et le mauvais temps ne fait rien pour nous retarder. Belmopan, capitale du pays n’est qu’à moins d’une heure de la frontière avec le Guatemala et face à la pluie, c’est au centre « Belize Bird Rescue » que l’on fait naufrage au milieu de ces centaines d’oiseaux en réhabilitation. Un endroit improbable pour passer au sec deux jours de repli plutôt que de patienter face à l’épreuve de la pluie serrés dans le van !
De là, nous passons nos journées à observer les perroquets, pics vert, hiboux et petits toucans en liberté dans ce petit paradis vert « thérapeutique » à la cacophonie joyeuse. Ils font des poses mannequins face à l’objectif de Rodolphe et volent à ras de nos têtes. Ce lieu est un refuge pour oiseaux qui sont réhabilités dans leur milieu naturel après une longue et douloureuse vie domestique. Il est un excellent écho à notre volonté de ne visiter aucun lieu « touristique » où l’animal est dressé et/ou en captivité. Depuis le départ, nous tenons à vivre ce voyage pour découvrir chaque animal dans son espace naturel à force de patience, d’observation, d’effort et de contemplation. Ces passionnés gèrent ce centre avec énergie et conviction, c’était une belle découverte qui ne fait que sensibiliser davantage les filles à la préservation naturelle.
San Jose Succotz et ses ruines de Xunantunich
Dernière étape au Belize, les ruines de Xunantunich. Nous avions envie de passer par Caracole, Rio Frio, Rio on Pool mais la pluie en a décidé autrement. Les pistes sont longues et sans équipement motorisé ça peut vite devenir un plan foireux. Le Guatemala juste derrière amènera son lot de consolation et puis il faut se résoudre à ne pas pouvoir tout voir, tout faire en voyage ! C’est d’ailleurs l’une des réflexions en cours… le consumérisme du voyageur…
Mis à part cette pensée sophiste, on a beaucoup apprécié les ruines de Xunantunich ! Situées sur l’autre rive de la rivière, il faut emprunter un bac pour atteindre les ruines. Le site n’est pas très étendu mais il a la particularité de posséder une magnifique fresque restaurée sur la grande pyramide principale. De là haut, la vue domine toute la vallée et les pyramides sont toutes accessibles, autant de bons point pour bien classer ces ruines dans notre top 5 ! C’est aussi depuis cette même rivière que Rodolphe et Clem auront été récupérés par de jeunes Belizéens. A faire les malins dans le courant, ils ont échoué sur une île de la rivière sans pouvoir regagner le rivage à contre-courant. Les gamins connaissent leur coin, et amusés de la scène ils auront rapatrié père et fille sur la terre ferme !
La pluie est partie pour nous suivre, et après deux jours paisibles à patienter à San Jose Succotz nous allons quand même passer le Guatemala. Espérant seulement qu’une éclaircie survienne au dessus de Yax’ha et de Tikal afin de visiter ces grandioses sites Maya au levé de soleil…
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