De Mexico à Sinaloa
Une fois n’est pas coutume, cet article traitera non pas d’un état mais de 6 petits états traversés tous assez rapidement. La remontée vers la Baja California est clairement amorcée et la route est encore longue pour atteindre Mazatlán, port d’embarquement vers la péninsule.
Mexico : Ruines de Teotihucan et Tulla de Allende
Méconnaissants encore le Mexique lors de notre 1er passage en novembre dernier, nous étions passés à côté d’un site majeur de la civilisation précolombienne ! Ce site archéologique se situe à un carrefour vers deux régions touristiques de choix, le sud à Oaxaca et l’est du pays sur la côte caribéenne, il est un passage normalement inratable ! Ce coup-ci, Teotihuacan ne nous échappera pas et c’est pour fêter mes 38 ans que nous gravirons les mythiques pyramides du soleil et de la lune. Nous ferons une tarte aux pommes au réchaud pour compléter un bon plat de pâtes ! Les filles sont heureuses de m’offrir chacune un bracelet qu’elles ont réussi à négocier gratuitement et secrètement auprès des vendeuses du site. Les élèves dépassent le maître !! Dois-je aussi dénoncer Rodolphe qui m’offrira une nouvelle paire de solaire échangée contre mes anciennes usées au Décathlon de Querétaro ? A ça, il ajoute même de nouvelles savates trouvées sur la plage, à ma taille, quelle chance ! La famille ne manque vraiment pas de ressources…
Pour en revenir à Teotihucan, la ville aux quartiers résidentiels a été construite vers les 200 avant J.-C. pour rester habitée jusqu’au VIIème siècle. A sa grande époque la cité pouvait compter 200 000 habitants. Aujourd’hui, le site est superbement bien restauré, proposant musées, observations de fresques colorées, multiples tunnels menant à la citadelle et possibilité même de gravir les principales pyramides et contempler la cité dans toute ses dimensions.
Pour apprécier au mieux la visite, nous mettons le réveil au petit matin pour franchir ses portes avant l’arrivée en masse de tous les visiteurs à venir. En dormant à 5 min à pieds de l’entrée 2, nous gagnons en temps de sommeil 😉 A cette heure-ci, il est aussi possible d’assister à l’envol d’une bonne dizaine de montgolfières qui offrent une vue imprenable sur le site au levé du soleil.
Historiquement, la pyramide du Soleil haute de 65m a été construite sur une grotte d’origine volcanique, symbolisant ainsi l’accès au monde des morts. Pour rejoindre la seconde plus haute pyramide du site, il faut déambuler sur la très large allée des Morts, artère principale de Teotihucan où tout est quasi parfaitement symétrique. Pour rejoindre la pyramide de la Lune et La Citadelle à l’autre bout de l’allée, compter pas moins de 3km !
Pour parfaire cette journée, on enfile quelques km afin d’atteindrer un autre site archéologique connu pour ses célèbres guerriers à Tulla de Allende. Il est finalement tôt dans l’après-midi, tout le monde se sent de continuer dans cette lancée pour finir la soirée les pieds sous la table conviviale de Didier et Delphine à Quérétaro à seulement une heure de Tulla.
Quérétaro : break chez les Haecker
Cinq mois plus tard, nous revoilà déjà à Querétaro chez les Haecker qui nous avaient si bien chouchouté en novembre dernier. Les enfants sont heureux de se retrouver, nous aussi et le van a besoin d’une révision chez volkswagen après 25 000 km de bons et loyaux services. Juste un changement d’huile sous l’oeil du pilote et un sacré coup de propre : le voilà comme neuf. Entre les soirées, les rencontres, les p’tits déjeuners piscine et les repas gourmands c’est tout le monde qui est regonflé à bloc au final !
La route vers Guanajuato nous appelle, ce coup-ci on se sépare pour de bon. L’installation mexicaine de nos voisins de Tresserve se passe plus que mieux, on est pas prêt de les revoir de si tôt !
Guanajuato : la ville aux milles couleurs
Ce retour dans le van après quelques jours de « repos » nécessite une adaptation de l’humeur générale. Fini les filets mignons et les lasagnes de Didier, c’est l’heure de retrouver notre pain de mie « bimbo » favori pour l’encas de la journée… difficile de s’habituer au confort !
Mais voilà à peine arrivés, la ville accrochée à la montagne, nous saute aux yeux par ses couleurs chaudes et unies ! C’est superbe et le regain tant espéré nous gagne pour serpenter dans cet arc en ciel qui s’est éclaté sur toutes les façades !
Au coeur de la ville, les parcs accueillent familles, musiciens et orchestres pour apporter une atmosphère douce et chaleureuse. Guanajuato est jeune, dynamique, surprenante et fascinante même ! La ville est sur deux niveaux. Les véhicules circulent en sous-sol entre tunnels et chaussées serrées. La vie s’anime à la surface entre les ruelles colorées et bâtisses ancestrales. Seulement, se promener sur Guanajuato sous-entend faire souffrir ses mollets. Tout est construit à flanc de montagne et des escaliers sont aménagés pour se faufiler entre les maisons chatoyantes.
A se perdre dans ce dédale de petites rues, nos pas nous mènerons dans le musée le plus horrible jamais visité : le musée des momies. Juste un cauchemar. Pour l’histoire : dans le courant du 19ème siècle, les familles ont eu à payer un impôt pour conserver leurs défunts dans le cimetière municipal. Les plus pauvres ont du se résoudre à les exhumer. A l’ouverture des tombes, il est apparu nombre de corps momifiés naturellement. Petit à petit, ils ont fait l’objet de la curiosité des visiteurs pour quitter les catacombes et se retrouver dans un musée. Aujourd’hui, il est possible de s’offrir un porte-clé de fœtus momifié en guise de souvenir à Guanajuato… La visite du musée consiste à se retrouver face à face avec une bonne cinquantaine de cadavres séchés, à en voir tous les poils des pubis persistants. Tout est dit ! Nous aurons largement préféré faire nos emplettes dans le vieux mercado de la ville datant de 1810. Les plus connaisseur reconnaitront la main de Gustave Eiffel, pas nous… Le retour à la maison se fera à l’aide du funiculaire, disons que c’était pour jouir d’une vue unique plus que pour reposer nos pieds.
Toutes les couleurs et toute l’énergie de Guanajuato viennent réveiller notre âme de nomade qui s’était endormie dans le confort moelleux de Querétaro. Ce soir, nous dormirons face à un superbe panorama depuis le belvédère de Pipila. Ok, nous obéirons et ferons pipi là avant de nous coucher.
Jalisco : Rio Caliente, la rivière multifonction
En quittant Guanajuato, nous apercevons quantité d’usines japonaises, coréennes et allemandes. Beaucoup d’industries de l’automobile font le bassin de l’emploi avec nombres d’expatriés installés dans la région. Pour ne pas bousculer tout ce petit monde, les panneaux de signalisation sont traduits en trois langues…
Avant de viser la côte, nous faisons escale au bord du Rio Caliente pas bien loin de Guadalajara. L’eau chaude de cette rivière a un effet radical et relaxant sur nos corps ! L’eau du Rio est chauffée par l’activité volcanique de la région de Jalisco. Elle s’est montrée multi-fonctionnelle pour notre quotidien : vaisselle, douche, massage, sieste.
Nayarit : San Blas et sa mangrove
Pour atteindre les plages de San Blas, nous devons nous résoudre à quitter notre bain. La direction nous fait emprunter la route touristique de la Tequila en traversant la ville du même nom. Des champs d’agaves à perte de vue ! Ne s’appelle Tequila que les alcools issus de cette région. A savoir tout de même que la majorité de cette production est exportée pour une consommation étrangère. Bière ou autres boissons bon marchés sont préférées des mexicains les plus modestes.
La chaine volcanique du Jalisco est également clairement perceptible par les coulées de lave et minis cônes qui fleurissent entre les cultures de cactus et de cannes à sucre. La route vers San Blas, nous mène vers des paysages verdoyants. Les manguiers sont partout et largement irrigués par les eaux de la mangrove. L’océan est tout proche !
Perla et sa fille Perlita nous ont réservé un superbe accueil depuis leur terrain en bord de plage. Comme beaucoup d’autres places de ce type déjà faite, elles mettent à dispo tables et palapas pour profiter de la plage à l’abri du soleil. Les yeux bleus de Valentine font encore fureur, comme ses cheveux. Nombreuses sont les personnes qui flattent Valentine (et son papa). Rassurez vous cela ne participe pas à l’enorgueillir, bien au contraire ! Nos hôtes connaissent d’autres copains de route s’étant déjà arrêtés ici et nous racontent tout sur la ponte de tortues vu qu’une petite association est acollée à leur terrain. La seule ombre à ce tableau est toute petite et vorace : le fameux sunfly, les chiquitos comme ils les appellent ici. Nous on parle de moucherons mordeur, une armée cannibale qui sort au soleil couchant.
Venir sur San Blas, c’est aussi découvrir une mangrove et une faune incroyable, crocodiles, aigrettes, spatules rosées, etc. même pas besoin de faire une sortie en lancha pour observer cette vie animale. En remontant au nord, nous passerons une dernière nuit dans le Nayarit à Teacapa, soleil couchant et piscine avant d’arriver au port de Mazatlàn. En même temps que nous, séjourne sur l’hôtel un séminaire religieux. Le groupe s’enlace, danse, se masse, chante : la foi rend heureux ! Le groupe devait quitter l’hôtel vers 17h « mas o menos », à minuit ils sont toujours à faire des slows au bord de la piscine, la ponctualité mexicaine dans toute sa splendeur. L’histoire ne nous dira pas où ils ont dormi, mais au petit matin c’est un hôtel fantôme que nous avons quitté. Avant de partir, Clémentine apprendra en discutant avec une salarié de l’hôtel qu’il est possible d’être mère de 4 enfants dont un ainé de 17 ans à seulement 30 ans. Une réalité ordinaire au Mexique qui fera bien rire notre jeune femme à voir les yeux ahuris de Clémentine.
Sinaloa : Mazatlán, embarquement immédiat !
Se rendre en Baja California nécessite d’embarquer pour 18h de traversée sur la mer de Cortès. Deux options sont au choix du voyageur véhiculé : Baja Ferries le plus cher, bateau de croisière avec obligation de cabine et TMC, cargo pour le frêt avec possibilité de dormir dans le van. On saisit forcément la 2ème option moins couteuse. Seul inconvénient, rien ne garanti une place sur le pont supérieur, hors de la cale et des pots d’échappement. La règle c’est « premier arrivé, premier servi ». Autant dire qu’à ce jeu là, nous ne sommes pas les derniers. Un bateau TMC est prévu pour le lendemain après 3 jours sans avoir eu de traversée. Le prochain est prévu dans 3 jours. Il ne faut pas le rater. Sans réservation et pour assurer toutes nos chances, nous dormons sur le parking du port. De la ville, des buildings pointent vers le ciel, la plage les borde sur des km, même le maleçon à l’américaine est là pour visiter Mazatlán.
Nous craignions une nuit bruyante rythmée par les va-et-vient des trucks, mais rien, juste du silence et de la fraicheur pour être frais et dispo à la pesée de 8h. Le café n’est même pas avalé que nous sommes déjà devant la balance obligatoire attendant le gars de service. Au guichet ça s’annonçait mal, le bateau était soit disant complet. Après avoir suivi toutes les procédures, nous arrivons finalement à obtenir nos tickets d’embarquement. Maintenant, il ne reste plus qu’à faire le pied de grue pour s’assurer de stationner sur le pont supérieur du bateau et avoir une vue qu’aucune cabine n’aurait pu nous offrir !
Nous nous étions préparés à passer une longue journée, mais pas à ce point. Il aura fallu pas moins de 8h d’attente entre la pesée obligatoire et l’embarquement. Rodolphe sur la zone de chargement, et nous dans un 2m x 2m à l’ombre dans l’espace extérieur réservé aux passagers. Hugo et sa femme, missionnaire de Dieu, nous tiennent compagnie et entretiennent ainsi notre espagnol. A 16h, de l’agitation enfin, le balai de camions ouvre une place pour le van. Rodolphe peut alors venir nous chercher avant d’entrer à son tour dans l’antre du cargo. Un ascenseur monte le van avec nous à son bord et mieux qu’en rêve, quelques manoeuvres vont le faire se caler dans un minuscule costume taillé sur mesure. La cabine avec vue sur mer est installée. L’excitation fait oubliée les heures de patience, les routiers nous partage leurs bières et offrent des glaces aux filles. La croisière peut démarrer ! Au même moment, nous recevons un message d’une famille française qui sait que nous embarquons pour la Baja, la magie des réseaux sociaux ! Elle souhaite quelques renseignements sur les modalités de traversée. Ils sont à 30 min de Mazatlán. Le retard du bateau est en leur faveur, ni une, ni deux, nous opérons avec brio une négociation avec le capitaine et en moins de temps qu’il n’en faut, leur camping-car occupera les derniers mètres carrés de libre qu’il restait dans la cale. Nous faisons ainsi connaissance avec Mathieu, Séverine, Paul et Louis. Avant de nous coucher serrés à 4 en bas dans notre chambre avec terrasse, nous passerons une excellente soirée avec nos nouveaux potes partis pour un tour du monde sur 4 ans.
Au réveil, sur les flots, c’est avec le sourire aux lèvres que tout le monde ouvre ses yeux pour admirer la vue. La bateau nous a bercé sur un matelas bleu pour nous mener à La Paz sans aucune perturbation. C’était une nuit incroyable où dans les petits réveils nocturnes chacun se réjouissait de pouvoir admirer la myriade d’étoiles dans la nuit noire d’une nouvelle lune. Juste grandiose. Baja California, nous sommes là !!
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