Les Rocheuses canadiennes sont enfin en vue ! Ce paysage du Canada était l’un des plus attendu depuis notre départ. En optant pour une boucle vers le Sud, c’était faire le choix d’attendre 10 mois avant de les voir. C’était surtout le choix de les vivre en plein été et de jouir des couleurs, de la randonnée et de la baignade. Avec forcément un compromis à trouver compte tenu de la foule de touristes en cette saison. Sur Jasper, au final, c’est plutôt raisonnable. Sur Banff, il faut marcher vite, se lever tôt ou se coucher tard !
Jasper National Park : entrée dans les mythiques rocheuses
Le soleil nous accueille sur le lac Edith, notre tout premier sur le parc national de Jasper qui est avant tout prisé pour ses lacs. Parmi les plus connus : Medicine lake, Maligne lake ou Anette lake, sans oublier Maligne Canyon. De tous, c’est le lac Edith notre chouchou ! Pourtant pas dans la liste. Loin de la foule, aux allures de piscine naturelle, nous y passerons 3 fois durant notre séjour sur Jasper. Tous les lacs sont cernés par des pics montagneux recouvert d’une épaisse forêt de pins. Nous sommes cependant surpris, en cette saison, d’y trouver des tons couleurs rouille. En fait il n’y a aucun rapport avec un automne précoce, c’est plutôt une invasion de coléoptères qui a détruit une partie du parc. Il semble que seul 5 % soit condamné, pourtant l’ensemble de la zone « grand public» semble dévastée.
Alors que le mauvais temps était annoncé, nous vivrons une journée inespérée au bord des lacs à observer une faune sauvage en pleine liberté : mooses, wapitis, ours, coyotes et même un grizzli ! Une journée qui se terminera avec de nouveaux voyageurs. Une rencontre mémorable qui se prolongera sur 2 jours avec l’arrivée d’un couple de retraités angevins. Cette rencontre fait partie de celles qui marquent le voyage, et Valérie, François, Philippe et les enfants en font bel et bien partie. C’est l’heure du turn-over et c’est un réel plaisir de passer le relais à la famille de Louise aux Amériques.
L’orage était tout de même menaçant et fini par fondre sur nous. Dans ce cas-là, les bibliothèques sont notre refuge idéal. Après une nouvelle soirée ensemble, la séparation est chargée d’émotion, nous devrions être habitué à force. Mais celle-ci à un nouveau goût. Le passage de relais aux nouveaux renvoie à notre imminent retour : 1 mois jour pour jour.
Nous filons maintenant rejoindre le parc national de Banff par la fameuse « Promenade des glaciers ». 200Km à déambuler parmi les glaciers et lacs aux tons turquoises. Nous quittons Jasper sous la pluie, à 10°C, les sommets fraîchement blanchis, et le coeur déjà nostalgique de tout ce qui continue de nous rendre si heureux.
La Icefield : LA route panoramique à cheval sur les deux parcs nationaux de Jasper et Banff
La play-list des années 80 raisonne dans l’intérieur du van tandis que le chauffage réchauffe nos pieds glacés, la pluie tambourine le pare-brise, et pendant ce temps le paysage de la fameuse Icefield défile sous nos yeux. Cette route mythique reliant Jasper à Banff est réputée par son couloir serpentant entre de hauts sommets et son champs de glace qui fait le bonheur des chinois.
Alors que la sonnette d’alarme retentit depuis les calottes glaciaires, il est ici possible de se balader sur le glacier d’Athabasca à bord d’un bus grimpé sur un essieux 4*4. Cela n’empêche pas le parc de sensibiliser son public au réchauffement climatique à l’aide de panneau informant de la diminution du glacier avant de faire vrombir le moteur de plusieurs engins chargés de touristes peu consciencieux. Ce constat laisse un goût amer face à la beauté du décor.
Toujours sur le parc national de Jasper, nous laissons le champ de glace pour découvrir les lacs. Le réveil est programmé pour ne pas manquer le lac Peyto, parmi nos favoris, et l’arpenter tranquillement avant l’arrivée des cars. Une réalité de la montagne que nous ne connaissions pas chez nous ! Les lacs Waterflow et Hector sont tout aussi surprenant. Vraiment, ce tronçon de kilomètre entre Jasper et Banff défile sans se saisir du temps.
Un petit tour à Yoho National Park
Le parc national de Yoho est accolé à Banff. Nous y ferons un saut pour découvrir les eaux émeraudes du lac au même nom. Pour les connaisseurs, sa couleur nous rappelle le lac d’Aiguebelette ! Une boucle d’une dizaine de km permet de se saisir des différents points de vue. Même si nous n’avons pas loué de kayak à 70$/h, la marche à pied reste un excellent moyen de se faire plaisir.
Banff : notre dernier saut dans les Rocheuses
L’épaisse forêt dévale d’énormes pitons rocheux. Les lacs sont comme des joyaux parsemés au coeur de cette nature grandiose. Le parc national de Banff est un concentré de tout ce qu’il y a de plus beaux en Savoie, à la différence excitante de croiser un grizzly ! Glaciers, canyon, cascades, lacs turquoises, le cocktail est ravissant mais il se partage ! Les stationnements sont bondés passés 8h du matin et la circulation est régulée par des agents du parc en plus des navettes en place pour limiter les véhicules sur les parkings. C’est malheureusement un peu trop pour aimer la montagne tel que nous le faisons habituellement chez nous. Les deux meilleures fenêtres pour le visiter sont juin et septembre. En gros, on se trouve dans le pire moment !!
La météo reste toujours capricieuse, l’accalmie est courte pour profiter du parc autant que nous le voudrions. Les teintes des lacs sont surréalistes et l’on ne tient pas à perdre l’éclat des couleurs sous un ciel gris et humide. Notamment sur le lac Moraine passé 19h. Il était impossible de passer la route plus tôt ! Pour éviter l’anarchie, elle est fermée dès que le parking affiche complet, soit à partir de 6h du matin…
Ensuite, entre deux orages où nous arrivons à passer entre les gouttes, le canyon Johnston dans la vallée de la Bow River :
Et enfin, le lac Louise. Mythique lac de Banff et saisit d’assaut par les touristes amateurs de selfie. Sans le complexe hôtelier à l’entrée du site, le lac Louise serait à la hauteur de sa réputation. Il faut tout de même avouer qu’il est difficile de faire abstraction de la foule et de cet aménagement. La pluie étant annoncée, nous hésitons même à partir de Banff sans randonner sur ses sentiers.
Au final, qu’il pleuve ou non, qu’il y ait du monde ou non, nous avons trop besoin de nous dépenser et trouver sur Banff ce qui nous attire dans la montagne. Pour éviter les déconvenues, nous empruntons la navette gratuite vers Louise et sans réussir à faire un choix sur les randos, on se lance sur un doublet « Plaine des 6 glaciers » et « Little Beehive » pour frotter nos semelles à de vrais sentiers. Au terme des 17km de marche nous serons comblés, le sentier nous mène face au glacier Victoria, l’origine de ses eaux, et même quasiment seuls ! Sur la plaine des six glaciers, un salon de thé attend le randonneur pour se réchauffer avec un chocolat chaud avant de repartir encore plus haut sur le Little Beehive, sommet qui domine le lac. Entre temps, les nuages se sont dissipées pour entrevoir l’intensité de ce bleu au coeur de la forêt. Nous voilà réconciliés avec Banff, nous pouvons le quitter sans regret !
Nous sommes maintenant prêt à attaquer la transcanadienne et rallier l’est du pays. Pour bien faire, nous honorons cette longue traversée avec une douche usurpée dans l’un des campings du parc. Passés Calgary, la platitude des grandes plaines est face à nous, les Rocheuses ont déjà complètement disparu dans notre dos…
D’un océan à l’autre sur la Transcanadienne
Nous y voilà. La route tant redoutée est face à nous. Un long bandeau rectiligne depuis Calgary jusqu’aux forêts de l’Ontario. Et ce sera loin d’être la fin ! La Transcanadienne nous conduira jusqu’à l’océan Atlantique dans les provinces maritimes. Cette route nationale la plus longue du monde s’étend en fait sur 7821 km le long de deux océans.
Cette traversée Calgary – Thunder Bay par la transcanadienne, signifie surtout le départ de l’Ouest vers l’Est du pays avec pas moins de 2000km à avaler sans rien à se mettre sous la dent. Les provinces du Saskatchewan et du Manitoba sont essentiellement composées de sillons à grains, de granges à céréales, de champs à perte de vue, d’innombrables pompes à pétroles et toujours de ce même train interminable. Pas de quoi se divertir, mais largement de quoi s’interroger sur cette agriculture industrielle et ces forages de pétrole. Le grenier du monde parait-il… jusqu’à quand ? Les paysages des plaines ne sont malgré tout pas si déplaisant avec un bel horizon qui offre de superbes couchés de soleil.
On s’est donné 5 jours pour atteindre le lac Supérieur et rêver de baignades ensoleillées. Pendant cette petite semaine, nous allons perdre 3h, 3 fuseaux horaires à l’envers qui font du mal à nos réveils. A perdre une nouvelle heure chaque jour, nous n’arrivons pas à décoller avant 11h. Déjà que nous sommes sur la fin du trip, mais là nos journées raccourcissent à vue d’oeil. En arrivant sur le lac Supérieur, nous n’avons plus que 6h de décalage avec la France.
C’était inévitable, nous finissons par croiser des familles sur le début de leur voyage… Ces nouvelles rencontres divertissent nos soirées en plus de la play-list de films que l’on s’est préparée. Des films précisément en lien avec la route comme Rasta Rocket en référence aux JO de Calgary ou encore Danse avec les loups pour la conquête de l’ouest. La visite de la Cité des Sciences de Regina sera aussi un excellent défouloir pour tous. Les bivouacs sont en revanche plus en peine. Depuis notre arrivée sur les Rocheuses, c’était déjà le cas. Pas de camping sauvage autorisé dans les parcs. Les bivouacs en forêt se faisaient déjà rareS, mais alors sur la transcanadienne c’est quasi mission impossible. Le minimum à atteindre est de trouver un coin éloigné de l’immense route rectiligne et de la voie ferrée !!
L’arrivée dans l’Ontario est marquée par la forêt, passé Winnipeg. Les vastes plaines ont disparu. Place maintenant à la myriade de lacs éparpillés dans la forêt. A chaque arrêt, des armées de moustiques nous attendent trop heureux de trouver de la chair fraiche. Ils sont des dizaines à taper les vitres… Le dernier pipi avant la nuit demande du cran et de l’organisation ! Le temps d’une soirée Clémentine sera en proie à tout ce qui déplait. Absence de toilettes, nuit noire, volée de moustique voraces, bord de chemin, une de ces coliques à te coller des frissons tellement le besoin est urgent et les renards qui rodent autour de nous comme par hasard. Parents solidaires que nous sommes, nous ne pouvons que chasser l’animal pour lui apporter un répit dans cette obscurité qui rend vulnérable.
Thunder Bay est passé. L’immense lac Supérieur nous ouvre les bras ! Le plus dur est passé et ma foi, c’était plutôt pas mal !!